[HDA] Chambres de Raphaël - Chambre de la signature...
(Vue de la chapelle Sixtine)
La Chambre de la Signature renferme les plus célèbres fresques de Raphaël, marquant l’éparouissement de sa carrière au Vatican et l’éclat de la Renaissance.
La Chambre prend son nom de la “Segnatura Gratiae et Iustitiae”, le plus haut degré de juridiction du Saint-Siège. Le tribunal, présidé par le pape, se réunissait dans cette salle vers la moitié du XVIe siècle. C’était, au départ, le cabinet du travail et la bibliothèque de Jules II (pape de 1503 à 1513) et le programme iconographique des fresques, exécutées entre 1508 et 1511) est lié à cette fonction. Il fut certainement établi par un théologien et se propose de représenter les trois plus hautes catégories de l’esprit humain : le Vrai, le Bien et le Beau.
Le Vrai surnaturel est illustré par la Dispute du Très Saint Sacrement (ou la théologie).
En face de l’Ecole d’Athènes, sur le mur correspondant à la Théologie se trouve la fresque de la Dispute du Très Saint Sacrement, que l’on pourrait appeler Triomphe de la Religion. Aux côtés de la Très Sainte Trinité (avec Dieu le Père, le Christ entre la Sainte Vierge et Saint Jean Baptiste et le Saint Esprit au centre) se dispose l’Eglise Triomphante, avec les patriarches et les prophètes de l’Ancien Testament alternés aux apôtres et martyrs, assis en hémicycle sur les nuages.
Les personnages sont (de gauche à droite pour le spectateur) : Saint Pierre, Adam, Saint Jean l’Evangéliste, David, Saint Laurent, Judas Maccabée ( ?), Saint Etienne, Moïse, Saint Jacques le Majeur, Abraham, Saint Paul. Sur terre, aux pied de l’autel sur lequel domine le Très Saint Sacrement, se dispose l’Eglise Militante. Les quatre Pères de l’Eglise latine sont assis sur des trônes en marbre près de l’autel : Saint Grégoire le Grand (sous les traits de Jules II), Saint Jérôme, Saint Ambroise et Saint Augustin. Certains ont la physionomie de personnages historiques : le pape situé le plus à droite a les traits de Sixte IV (oncle de Jules II), Dante Alighieri est derrière lui, le religieux à l’extrême gauche est Fra Angelico.
Le vrai rationnel par l’Ecole d’Athènes (ou la philosophie).
Une grandiose architecture renaissance, inspirée au projet de Bramante pour la rénovation de la basilique paléochrétienne de Saint Pierre, sert de cadre à une représentation dynamique dans laquelle évoluent les grands philosophes de l’Antiquité. Certains sont facilement reconnaissables : au centre Platon, qui pointe son doigt vers le ciel en tenant son livre, le Timée, à la main. A côté de lui, Aristote avec l’Ethique. Pythagore est au premier plan, en train d’expliquer son théorème sur son livre. Diogène est allongé sur les marches, avec son fol, tandis qu’Héraclite, le philosophe pessimiste, appuyé à un bloc de marbre, est représenté sous les traits de Michel-Ange qui, à l’époque, travaillait à la Chapelle Sixtine, non loin de là. Sur la droite, nous reconnaissons Euclide en train d’enseigner la géométrie à ses élèves, Zarathoustra avec son globe céleste et Ptolémée avec son globe terrestre. Enfin, le personnage au béret noir, tout à fait à droite, est un autoportrait de Raphaël.
Le Bien est représenté par les Vertus Cardinales et Théologales et par la Loi.
En face du Parnasse sur le mur correspondant à la Justice, les Vertus Cardinales (Courage, Prudence, Tempérance) et Théologales (Foi, Espérance, Charité) sont représentées dans la lunette du haut. Au-dessous, de part et d’autre de la fenêtre : la Remise des Pandectes à l’empereur Justinien (à gauche) et la Remise des Décrétales au pape Grégoire IX. Le souverain pontife a les traits du commettant Jules II (pape de 1503 à 1513). Autour de lui, les cardinaux Jean de Médicis et Alexandre Farnèse, les futurs papes Léon X (pape de 1513 à 1521) et Paul III (pape de 1534 à 1549). La Remise des Pandectes à l’empereur Justinien est de Lorenzo Lotto.
Le Beau est représenté par le Parnasse avec Apollon et les Muses.
Sous la Poésie se trouve une représentation du Mont Parnasse où le Dieu Apollon, assis au centre, joue de la lyre entouré de neuf Muses protectrices des arts et de poètes anciens et modernes. Parmi les poètes, on reconnaît facilement Homère (l’aveugle), derrière lui Virgile et Dante et en bas à gauche, assise, la poétesse Sapho – son nom est écrit sur la feuille qu’elle tient dans la main gauche.
Les fresques de voûte se rapportent aux scènes situées au-dessous. En effet, les représentations allégoriques de la Théologie, la Philosophie, la Justice et la Poésie se réfèrent aux facultés de l’esprit peintes sur les murs respectifs. Sous Léon X (1513 à 1521) la salle fut transformée en cabinet de travail et en salle de musique, dans laquelle le pape conservait sa collection d’instruments musicaux.
L’ameublement original remontant au pontificat de Jules fut remplacé par un nouvel ameublement en bois exécuté par Fra Giovanni da Verona. Il s’étendait sur tous les murs sauf celui du Parnasse où la décoration, faute d’espace, fut réalisée à l’aide de fresques conservées jusqu’à nos jours. Le revêtement en bois fut probablement détruit en 1527 durant le Sac de Rome et remplacé sous le pontificat de Paul III (1534 à 1549) par une plinthe en clair-obscur de Perin del Vaga.
Extrait de Musées du Vatican